Selon vous, existe-t-il un lien entre technologie et stress? Faites le test! Débranchez-vous complètement pendant quelques heures. Déjà, est-ce que cette idée vous plaît ou vous effraie? Une fois déconnecté, observez vos sensations, vos émotions, vos pensées. Avez-vous une impression de vide, une culpabilité, une sensation d’apaisement, de liberté? Pour plusieurs, moi la première, il est difficile de ne pas avoir l’œil sur l’écran régulièrement. Nous éprouvons ce besoin d’être à jour continuellement et la technologie est dorénavant au cœur de nos communications.
Le travail à distance a augmenté notre utilisation de la technologie et a brouillé la frontière entre notre vie personnelle et professionnelle. Bien sûr, chacun a sa façon de percevoir et d’expérimenter ce que nous appelons l’hyperconnectivité. Il est essentiel néanmoins d’être vigilant à nos propres réactions internes face à cette connectivité et de s’adapter si l’on constate que cette habitude a des impacts sur notre niveau de stress ressenti ou sur notre santé mentale.
Le phénomène du technostress
Cette expression serait apparue en 1984 dans le livre de Craig Brod, intitulé justement, Technostress : The Human Cost of the Computer Revolution. Monsieur Brod était-il finalement un visionnaire? Une étude sur le sujet aurait démontré que les impacts psychologiques négatifs liés à la technologie prendraient principalement deux formes : la techno-anxiété soit la difficulté à comprendre la technologie ou encore la techno-dépendance soit l’identification excessive à la technologie(1).
Une autre étude, menée par des chercheurs de l’université de Cambridge, mentionne qu’une personne sur trois se sentirait submergée par son environnement de haute technologie et ses composantes(2).
Une technologie mieux gérée
Timothy Ferriss, entrepreneur et auteur du livre à succès « The 4-Hour Workweek » suggère, afin de demeurer efficace, de laisser les appareils électroniques éteints sur de courtes périodes(3). Ceci aurait pour effet de donner de réelles pauses et d’espérer voir le niveau de stress diminuer. David Allan, un consultant américain, prône la philosophie de « l’esprit clair comme l’eau de roche ». Selon lui, cet état permet d’accéder à la quiétude qui donne accès à la performance. Il précise dans son livre « Getting Things Done » qu’un des outils est d’apprendre à gérer sa boîte de courriels de façon optimale(4). Ces deux experts mettent de l’avant qu’en demeurant disponibles en tout temps, il est possible d’expérimenter une surcharge mentale et de s’épuiser.
La technologie est là pour demeurer bien sûr, mais serions-nous potentiellement, en cette ère postpandémique, à la croisée des chemins pour redéfinir comment personnellement nous souhaitons gérer la technologie dans notre vie? Pour effectuer ce virage, il est d’abord nécessaire d’observer nos comportements actuels face à cette technologie. Ensuite, noter les points névralgiques c’est-à-dire les habitudes qui génèrent une surcharge mentale, une réaction de stress, un malaise, une lourdeur.
Bien sûr, je ne peux m’empêcher de parler yoga! Cette approche nous invite, entre autres, à développer une meilleure conscience corporelle. En passant par l’observation des sensations physiques, nous sommes en mesure de le constater lorsqu’il y a déséquilibre. Par exemple, nous pouvons observer une tension musculaire, une respiration courte et rapide, un mal de tête soudain, un nœud à l’estomac, une pression à la poitrine. Tous des signaux nous avisant qu’il y a potentiellement une réaction au stress qui a été déclenchée, notre organisme ayant perçu un danger, cherche à s’adapter pour retrouver l’homéostasie, son équilibre.
Car le stress justement, il est important de se le rappeler, est un mécanisme d’adaptation. Perçu parfois négativement, il est essentiel dans notre fonctionnement, nous permettant par exemple de nous mobiliser, de relever un défi, de régler un dossier urgent. Par contre, maintenu durant de longues périodes, ce mécanisme d’adaptation s’épuise, la chronicité s’installe accompagnée de symptômes de plus en plus envahissants, qui affectent notre niveau fonctionnel et qui peuvent devenir invalidants.
S’observer, permet donc de prendre conscience de certains mécanismes automatiques pour ensuite agir et retrouver l’équilibre. Autrement dit, demeurer vigilant à son état, ses réactions nous donnent accès à agir au besoin, pour s’autoréguler. Plus concrètement, si par exemple j’ai parfois l’impression que mon téléphone est devenu le prolongement de ma main, que j’ai une envie irrésistible de le prendre pour voir si j’ai reçu un courriel dans les 30 dernières secondes, observez les pensées, émotions, ressentis reliés. Ensuite, testez les outils suivants et notez les effets :
- respirer profondément et calmement;
- déposer les avant-bras sur son bureau et y déposer le front, les yeux fermés;
- se lever, s’étirer, délier les parties du corps où nous ressentons de la tension.
Parlez-en à votre équipe, organisez un « lunch and learn » une communauté de partage à l’interne sur le sujet. Échanger entre collègues sur le sujet peut être une belle initiative pour donner l’occasion à chacun de trouver sa formule. Bonne gestion technologique!
Article écrit par Julie Banville, Yoga thérapeute et fondatrice de ZEN&CIE, pour le magazine Facteur H – édition de février 2023.
Nous sommes là pour répondre à vos besoins. Contactez-nous par courriel à info@zenetcie.ca ou par téléphone au 514-277-7905 #1.
Références:
- https://www.adeccogroup.com/future-of-work/latest-insights/what-is-technostress-and-how-you-can-manage-it/
- http://techno.lapresse.ca/nouvelles/201107/13/01-4417431-les-technologies-sources-de-stress.php
- The 4-Hour Workweek, Thimothy Ferriss, Business Book Summaries, 2014
- Getting Things Done (GTD) – the Art of stress-free productivity, David Allan, Penguin Books, 2001